Esther Meryl Bouchery

Esther Meryl
Bouchery

(c) Valingaï

Et s’il était à refaire, je referais tout ce chemin, sous vos coup chargés de fers qui parlent des lendemains. ... Nom : Bouchery Prénom(s) : Esther Meryl Age : 21 ans Date et lieu de naissance : 3 janvier à Paris Groupe : Scientifique Statut : Célibataire Pv [ ] Scenario [ ] Inventé [x] ]

Histoire

Le passé est inutile. Enfin… Il y a cette vie de famille, les parents, le frère, tous ces gens qui ont entouré Esther depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Elle a vécu tranquillement parmi ceux qui ne savaient pas que l’art existait, qui s’intéressaient très vaguement aux scientifiques et se préoccupaient surtout de ce qu’ils avaient, plus que de ce qui se faisait autour d’eux. Non, la petite enfance d’Esther, pas plus que son adolescence, n’est intéressante. C’est une fille comme les autres, élevée dans une famille comme les autres, avec les mêmes peines et joies que les autres. Elle a fait une filière scientifique au lycée, comme tout le monde… Mais arrêtons-nous là. C’est le lycée qui l’a fait devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

La cloche sonna. Le cours de littérature était terminé. Enfin, si on pouvait appeler cette chose cours de littérature, puisqu’elle avait disparu depuis bien longtemps. Plutôt ce cours de recherches des e-books intéressants qui pourraient servir à faire de bons films avec de bons effets spéciaux. Esther en avait plus que marre de tourner sa souris dans tous les sens sans trop se préoccuper de ce qu’elle trouvait sur internet, mais elle soupira pourtant quand le cours fut fini. Son professeur passa à côté… il la frôla. Aussitôt, elle sentit son cœur se soulever et regarda dans sa direction. Il avait retiré brusquement son bras en la sentant et s’éloignait à présent sans poser son regard sur elle. Au contraire, elle avait plutôt l’impression qu’il la fuyait. Depuis toujours, Esther se fichait de ce que les mauvais élèves pouvaient faire dans cette classe et savait que sa place n’était pas ici. Alors pourquoi celui-ci le passionnait autant ? Elle se leva et prit la direction de la sortie.

- Au revoir, Monsieur.

Alors qu’elle osa regarder sa réaction, ayant elle-même peur de ce qu’elle allait voir, elle le vit bloquer sa respiration et lui répondre la même chose sans lever la tête. Une fois dans le couloir du lycée, elle se posa contre le mur en respirant un bon coup. Il fallait qu’elle oublie ce cours. Et aller au suivant.

Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qui se passait entre Esther et ce professeur de littérature. Il ne faisait pas que la passionner par ce qu’il disait… pourtant lui-même était passionné par son travail. Un peu trop naïf peut-être pour se douter du véritable état des choses. Il n’avait rien à voir avec le monde caché de l’art, mais il ne soutenait pas non plus complètement les scientifiques. Une intuition seulement qui aurait pu tout sauver… Une intuition, une passion pour les lettres – ou ce qu’il en restait – qu’il parvint presque à faire passer chez la jeune fille par sa simple présence.

Le couloir était quasiment vide. Esther était sur une chaise et ses yeux restaient bloqués sur la même ligne d’un e-book sans qu’elle parvienne à se concentrer dessus. Elle était sûre pourtant qu’il y avait quelque chose d’intéressant là-dedans. Mais elle pensait à autre chose… Le veille. Sa main n’arrêtait pas de repasser sur sa joue, là où ses lèvres s’étaient posées avec tant de douceur. Puis elle secouait la tête et reprenait sa lecture. En face, sa meilleure amie la regardait d’un air sceptique. Mais la jeune fille était bizarre. Pourquoi être face à un e-book, se préoccuper de la littérature, alors que l’année suivante elle ne suivrait plus ce cours ? Pourquoi ne pas plutôt s’intéresser à la physique dont elle aurait nécessairement besoin ensuite ?

- Qu’est-ce qui t’arrive ? Esther, je vois qu’il se passe quelque chose. Ne me réponds pas rien.
- Pff… Bah… C’est… le prof de littérature.
- Eh bien ?
- Il me fait peur. Je ne sais pas pourquoi. Quand il est à côté, je n’arrive plus à respirer. J’ai l’impression qu’il me fixe. J’ai le cœur qui bat. Et quand je l’embrasse, j’ai l’impression que…
- Quand tu QUOI ?

A ce moment, il passa. Esther écarquilla les yeux et se figea. Elle le vit continuer sa marche comme si de rien n’était. Mais il osa un regard. Elle le lui rendit. Un bonjour échangé, puis, une fois qu’il fut hors de sa vue, elle reprit son occupation comme si de rien n’était. A part qu’elle était presque pétrifiée à ce moment. Et à côté, son amie avait vu elle aussi ce regard. Un regard qui ne trompe pas.

Bien sûr voilà un comportement qui était tout à fait condamnable. De l’arrière de la voiture au bureau du proviseur, ce qui se produisait n’avait pas lieu d’être. Si la littérature avait pu être sauvée… Leurs ébats se terminaient sur une vague pensée au sujet des e-books. Pourquoi était-ce si mal vu d’être auteur ? Y avait-il une bonne raison ? Il fit naître chez Esther le sentiment de quelque chose de plus. A côté de lui, elle aimait les mots et la forme des lettres. Il se demandait parfois avec elle d’où venaient ces textes. Quels étaient leurs origines. Qu’est-ce qu’il y avait avant. Oui, cet avant auquel on n’a pas le droit de toucher. Et de quoi parlaient-ils ? Emotions… Sentiments… Des choses qui n’existaient plus. Amour… Tristesse… Peine… Et tout le reste de l’humanité qui avait sombré dans la robotique.

Esther voulait arrêter son bus avant qu’il ne parte sans elle. Mais du lycée, elle devait être celle qui prenait le plus de temps pour dire au revoir à ses amis. L’année suivante, elle quittait Paris pour aller habiter Versailles. Pourtant, elle était bien la seule à s’en soucier. Pour les autres, elle était une copine… jetable, certainement, vu la façon dont ils accueillaient ses mots d’adieu. Ils s’en allèrent les uns après les autres, ayant sans doute oublié son prénom dès qu’ils passèrent le coin de la rue. Elle soupira. Quelque chose manquait en ce monde… voilà ce qu’elle pressentait à son tour.

- Esther !

Oui, il était là. Il était derrière. Elle se retourna en reconnaissant le son de la voix de son professeur. Le seul, parmi tous ceux qu’elle connaissait, qui lui courrait après en sachant qu’elle allait s’en aller.

- Esther, attendez… Vous n’alliez pas partir sans me dire au revoir ?
- Monsieur, vous êtes bien le seul à vous préoccuper de mon au revoir…

Il lui prit la main. Très vite, il ne se contenta plus de tenir cette main et la prit dans ses bras. Ressentir… La jeune fille crut comprendre alors ce que cela signifiait. Elle ne voulait plus quitter ces bras, et en même temps elle ne savait quoi penser. Etait-ce un mal ? Eprouver des émotions, c’était bien quelque chose qui n’existait que dans les e-books. Et tout ce qui était lié à cette maudite littérature n’était pas digne d’intérêt. Elle se sentit rougir… Rougir ? C’était encore pire.

- Vous allez me manquer…
- Il y a quelques jours encore, je ne savais même pas ce que cela voulait dire. Maintenant, je comprends que vous aussi… vous allez me manquer.

Esther prenait un chemin qui était des plus mal vus. Depuis qu’elle se posait des questions sur le passé, qu’elle passait du temps devant des pages électroniques à guetter ce qu’elle avait ressenti auparavant, plongée dans ces histoires absurdes, on la fixait d’un œil mauvais. Peu à peu, elle prit soin d’oublier l’année exaltante et pleine de renouveau qu’elle venait de vivre. Ce n’était pas important. C’était du passé. C’était à oublier. Arrivée à Versailles, prête à continuer ses études scientifiques et chercher à devenir, comme tout le monde, chercheuse, elle se fondit dans la masse, sortait avec des camarades et écoutait cette hideuse musique B&T sans plus jamais retoucher à un livre électronique. Tout se serait tellement bien passé si elle avait continué sur cette voix.

Dans la rue, l’air était pourtant frais. Il faisait bon et agréable, c’était une grande ville mais comparé à la pollution dans laquelle elle avait vécu toute sa vie à Paris, Versailles était une campagne. Esther se tenait l’estomac depuis un moment, sur le chemin de chez elle. En plus, les voitures ne circulaient que dans la ville haute, la fumée restait là où elle était. Mais la jeune fille s’appuya contre un mur, prête à vomir. Et soudain, elle s’effondra à genoux en recrachant son déjeuner. Presque aussitôt, une main se posa sur son épaule. Alors qu’elle était pliée en deux, elle entendit :

- Mademoiselle ? Ca ne va pas ?

Encore la main sur la poitrine, écœurée, elle leva timidement les yeux, ayant peur que cela la reprenne. Elle croisa alors les yeux les plus doux qu’elle n’avait jamais vu. Un jeune homme était là et l’aidait à se relever en la débarrassant de son sac. Elle ne put que marmonner :

- Si… si, tout va bien. Je vais bien.
- Laissez-moi vous raccompagner. Vous habitez loin ?

Elle ne faisait, en fait, pas le moins du monde attention à lui. Elle avait repéré très vite cette expression charmante, ce sourire, ce regard lumineux. Ce garçon était différent de tous ceux qu’elle avait pu rencontrer. Et sur son visage, elle pouvait y voir… la vie. Mais, encore malade, elle baissa les yeux et les ferma presque quand ils commencèrent à marcher. Lui la serrait contre lui, la retenait à chaque faux pas et écoutait attentivement ses indications concernant la route à suivre.

Le lendemain, le garçon revint. Il demanda à savoir comment elle allait. Esther resta un moment à parler avec lui, et promit de le retrouver le lendemain. De rencontres en rencontres, ils finirent par devenir très liés. Même s’il restait assez discret sur lui-même, il laissait entendre plusieurs fois qu’il avait des répétitions… Répétitions de quoi ? La seule bonne raison pour Esther d’avoir des compétitions était évidemment pour des conférences scientifiques. Mais elle était si loin de la réalité que lui en souriait chaque fois qu’elle évoquait le sujet. Jusqu’à ce qu’il lui demande de l’aider à se préparer. Quelle façon étrange avait-il de s’habiller – ou plutôt de se costumer – pour une simple conférence ! En réalité, il était acteur. Il n’en dit pas plus, sinon qu’elle devait garder le silence. Elle n’eut pas besoin de cela pour se douter qu’il s’agissait d’une pratique illégale. Un chanteur comédien… Du théâtre… Il pouvait lui dire le mot, elle ne savait même pas de quoi il s’agissait. Et sur internet, tout ce qu’elle trouva à propos du théâtre fut « Activité illégale consistant à faire représenter par le spectacle des textes interdits. »

C’était la première fois qu’Esther entendait une telle mélodie. C’était pourtant… sublime. Rien à voir avec la B&T. Cette musique avait toute la douceur et toute la musicalité possible. Quand son ami l’avait conduite jusqu’au bal, il lui avait annoncé à regret qu’il était obligé de lui bander les yeux : elle ne devait pas savoir où elle se trouvait. Et elle devait garder le silence sur ce qu’elle y verrait et entendrait. Encore une pratique illégale ? Cette magnifique musique qu’elle n’avait jamais entendue… Elle sentait presque son cœur se serrer rien qu’à cette écoute et se trouvait face à plein de sentiments nouveaux qu’elle ne connaissait pas. Il y avait quelque chose d’unique dans ce bal qu’elle ne saurait exprimer, et qui ne se réduisait pas à la présence du jeune homme.

- Je n’ai jamais rien entendu d’aussi beau…
- Ce n’est peut-être que le goût de l’interdit…

Il plongea son regard dans le sien et soudain l’embrassa, tout en continuant à danser au rythme de la musique. Et quand celle-ci s’éteignit pour la dernière fois, il dut à nouveau bander les yeux de sa petite amie, parce qu’un compagnon lui rappela qu’elle ne devait rien savoir sur eux. Mais elle avait compris ce qu’était l’art.

Les jours passèrent. Esther ne pouvait plus se passer ni de musique, ni de livres, ni de son amoureux. Sa vie prenait une tournure complètement différente, elle vivait réellement. Elle se sentait maintenant respirer, elle ne voulait plus travailler mécaniquement pour un but qu’elle ne comprendrait jamais. Non, elle voulait vivre et être heureuse. Mais le bonheur existait-il ? Un jour sa moitié dut s’enfuir. Les adieux furent bref : il n’avait pas le temps. Il lui promit fidélité éternelle mais partit sans le moindre baiser, sans la moindre explication, et la laissa seule à sa fenêtre, comme s’il n’était plus qu’un souvenir, comme s’il n’avait jamais été qu’un rêve de toute façon.

- Mlle Esther Bouchery. Vous avez arête vos études sans donner de nouvelles l’année dernère. Vous avez 21 ans, vous étiez première de votre classe en toutes les matières… mais votre fidélité à la science reste problématique. Vous souhaitez entrer chez les chercheurs. Bien sûr avec votre dossier scolaire seul, je me serai empressé de vous accepter parmi nous. Qu’est-ce qui vous fait croire que vous êtes plus apte qu’un autre à nous rejoindre ?
- Je voue une haine indescriptible à l’art et plus particulièrement la musique et la littérature. Oui, vous avez bien entendu. Je connais l’existence de l’art, même plus que ça. Il m’est arrivé de me trouver consciemment face à des résistants. C’est pour cette raison que j’ai arrêté les cours. Il ne procure que la honte et la souffrance. Je suis plus déterminée que vous tous réunis à le détruire.

Inutile de dire qu’Esther, une fois rejoint les rangs des scientifiques, par ses connaissances fut celle qui avait la plus grande influence sur eux. Beaucoup lui obéissaient sans discuter. Elle ne travaillait presque pas, elle n’en avait pas le temps tellement étaient nombreux ceux qui venaient lui demander des ordres et des conseils. Elle se nourrissait de ses souvenirs, sa honte à l’égard de son aventure avec son professeur de littérature et son désespoir lorsque son comédien l’avait quittée. Et elle jurait qu’elle ne serait pas en paix tant que tous ne seraient pas éliminés, tous ceux qui répandaient ces sentiments et ses émotions, croyant qu’ils allaient faire renaître le bonheur mais qui n’apportaient que le malheur.

Caractère

Esther est scientifique, elle ne croit qu'en la technologie et le progrès... si on peut appeler cela un progrès. Bien sûr, elle déteste la littérature, mais parce que selon elle cette preuve d'humanité n'apporte que la souffrance, le désespoir et la honte. Elle est très marquée par son passé et garde en mémoire ce qui lui est arrivé... Cependant, cette proximité avec l'art l'a forcément rendue plus humaine qu'elle ne l'aurait été sinon. Esther ne cherche pas à détrôner les autres pour être la meilleure, elle n'arrive pas à croire que l'argent est tout ce qui importe, elle hésite parfois à donner des sentences trop lourdes aux Chtoniens attrapés. Quand elle n'est pas au travail, elle aide les gens qu'elle croise dans la rue et se montre toujours aimable. Mais elle est aussi très intelligente: elle reconnaît presque les Chtonien au premier coup d'œil par leur façon de vivre si différente des robots qui l'entourent. Généralement elle ne fait pas le travail d'elle-même: elle n'en est pas capable. Esther est rancunière, mais si un jour quelqu'un qu'elle a connu autrefois réapparaissait... peut-être que cela pourrait tout changer.

Physique

Esther a somme toute une apparence assez banale : taille moyenne, corpulence moyenne, longs cheveux châtains, yeux marrons. En bref, pas de quoi faire d'elle quelqu'un de particulièrement remarquable. Ainsi ce n'est pas cela qui fait que l'on se souvient d'Esther, mais plutôt sa joie de vivre qui déborde de son visage, son grand sourire qui ne la quitte quasiment jamais, et son regard pétillant. De fait, Esther aime porter des couleurs gaies, même si ses finances ne lui permettent pas souvent de se faire faire une robe neuve, et que les couleurs fanent avec le temps. En tout cas, il y a une chose qu'Esther adore, on ne la voit jamais sans : les chapeaux. C'est tellement beau, tellement fun un chapeau ! Elle en a un assorti avec chacune de ses robes, et les utilise souvent dans les coiffures compliquées qu'elle aime se faire. Étonnant, vu son lieu de travail ? oui. Mais elle a bien appris à vivre dans son passé. Et elle est encore jeune, elle sait s'en rendre compte, elle va en profiter.

Toi

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